J’étais très lié avec Jacques-Henri Lartigue. Notre amitié dura près de 35 ans. J’ai reçu de lui au moins deux cents lettres
Dieu sait pourquoi, il m’avait surnommé ‘’Le roi’’ ? Le récit de mes activités l’amusait et, chance incroyable, il aimait beaucoup mes photos. Je le considérais comme mon père ou comme mon frère… J’évoque ‘’Jacques et Florette’’ avec une profonde nostalgie. Par Lartigue, j’ai connu Pierre Cardin et Jeanne Moreau dans les salons du Faubourg Saint Honoré.
Après avoir assisté à un défilé en 1966, j’ai eu une idée alors qu’il montrait ses documents anciens au célèbre couturier : pourquoi ne pas reconstituer soixante ans plus tard, au Bois de Boulogne, et au même endroit, les clichés les plus étonnants réalisés par le photographe-enfant- prodige, en 1906, alors qu’il traquait les élégantes de l’époque ?
Cardin et Lartigue furent enthousiasmés et le projet fut bientôt sur les rails. Deux ravissants mannequins, Hiroko et Catherine, participeraient à l’entreprise. Un modèle homme, dont j’ai oublié le nom, représenterait les dandys de l’époque. Un chien et une voiture feraient de la figuration.
Au mois de mars, nous nous sommes dirigés vers le Bois de Boulogne, derrière l’avenue Foch. Florette Lartigue veillait sur la tenue des mannequins : des robes dernier cri, choisies par Cardin et Lartigue.
En quatre heures les photos furent prises : Lartigue opérait au Leica et au Rollei. J’assurais la prise de vue des coulisses...
Un unique commentaire quand J.H.L. retrouva l’endroit où il opérait un demi-siècle plus tôt : les arbres ont beaucoup grossi !
L’article que j’avais titré ‘’le magicien’’ parut un peu partout dans le monde, accompagné par de nombreuses photos.
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